Tadart g\'Ighil-bouamas

Tadart g\'Ighil-bouamas

Qui est Rabah El-24?

A-t-il le droit de garder ses secrets? 

 

Lors d'une de ses émissions sur les nombreuses batailles, actes heroiques de ceux qui ont fait la guerre d’indépendance et aussi, sur ceux qui l'ont subi de façon atroce et irréparable, j'ai suivi la narration du harcèlement du poste militaire français avancé de Tala N'Tazert.

L’hôte de BRTV est l'infatigable Djoudi Attoumi, l'un des acteurs pour ne pas dire le chef du groupe de choc qui avait élu quartier à Atherguène comme il le rappelait si bien. Ses hommes étaient habillés de vert pour se confondre avec la végétation drue de la région. Monsieur Djoudi Attoumi, sorti vivant de l'enfer qu'ont vécu les moudjahidins de la W3, perpétue son combat par l'écrit sur la guerre d’Algérie en tant qu'acteur, témoin et observateur pour avoir été secrétaire du colonel Amirouche et membre du commandement de la Wilaya III.

Nanti d'une nature exceptionnelle, Djoudi Attoumi relatait avec aisance, précisions et objectivité certains faits qui s'y sont déroulés dans l'actuelle commune n'Ath Voudrar. Malgré la présence de troupes et de la gendarmerie françaises au village de Tassaft, le camp militaire d'Ait Ali Ouharzoune hantait les villages environnants de par sa position élevée que les militaires francais utilisaient pour se livrer à des bombardements arbitraires en fin de journée. Par ces actes, le responsable de ce camp militaire, le capitaine Bondier, étalait sa terreur avec ses ratissages au lever du jour, ses punitions collectives, ses corvées de bois, ses destructions, ses incarcérations et autres tortures. Il étendait ses tentacules en installant  un poste avancé à Tala N'Tazert, à l'emplacement de l'école de ce village. Le PC de la W3 n'était pas loin. Il se trouvait dans le walon d'Ath Wavane avant qu'il ne déménage vers Akfadou. Le harcèlement de ce nouveau poste commençait en fin de journée. Les actes d'atteinte au moral des militaires en poste furent au summum le jour où des bidasses de l'armée d'occupation à la recherche de l'eau, à la source dite Amdoun Azegzaw, à quelques mètres du poste, furent tués par des hommes de Djoudi Attoumi.

Parmi ces hommes, Djoudi en cita de mémoire "Rabah El-24" d'Ighil-bwamas, surnom de guerre, resté inconnu des gens de son village.  Qui est-il? Est-il mort? Est-il vivant?

 

NB: Ce modeste témoignage a été commencé au mois de juin 2012. En téléphonant  à ce grand cousin et après quelques amabilités, sa voix s'étrangla. Son grand fils m'en avait averti. Je devais lui rendre visite à l'occasion l'Aid. Le méktoub en a décidé autrement. Il quitta ce monde des suites de maladies que favoriserent les dures années de maquis

 

Rabah El 24, 55 ans après.

 

C'est hier, mercredi 08 aout 2012, à 5 heures du matin que Rabah El 24 a rendu l’âme d'un malaise qui l'a torturé toute la nuit dans le village de Matoussa. Un village de maisons éparpillées de la commune de Chaabet El Ameur.

Son grand fils Meziane, employé à la poste de Bouira, lui a fait un bilan médical il y a quelques jours. Il traînait une bronchite chronique qui lui collait au poumon depuis les dures années passées dans le maquis de la wilaya 3. Le diabète et la tension se sont mis de la partie. Malgré l'age et les difficultés inhérents à ses maladies, il activait et prenait volontier le volant. Après avoir vécu comme cadre de la jeunesse et des sports au lendemain de sa libération du camp d'internement de Paul Cazelle en 1962, l'ancien moudjahid Rabal EL 24 prit sa retraite pour habiter à Tizi-ouzou. Il construisit une maison à Boudouaou pour y élire domicile durant les années 90. A la mort de sa deuxième femme, il se maria avec une femme de la localité de Matoussa et y construisit sa dernière demeure.

C'est dans cette dernière demeure qu'il quitta ce monde, à l'aurore, à 77 ans. Les gens modestes, braves et chaleureux, de cette localité en gardèrent le meilleur des souvenirs de cet homme grand, aux cheveux blancs, modeste et affable.  

L'enterrement eut lieu dans le cimetière de cette localité par respect à sa dernière volonté. Sa famille, ses anciens compagnons encore vivants de la région et la Kasma des anciens moudjahidin d'Iboudraren voulurent l'enterrer en son village d'Ighil Bwamas.

Rabah El 24 a choisi Matoussa pour y vivre et s'y reposer cinquante après l’indépendance. Des milliers de ses compagnons n'ont pas eu à choisir leur dernière demeure. Certains en sont partis sans une sépulture, aussi modeste soit-elle, pour que vive l’Algérie libre, démocratique et sociale.

Repose en paix Amer-yahia Amer, de nom de guerre Rabah El 24, puis Amer Michli...

 

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L'Appel de la Montagne

 

Né en 1936, il fut l’aîné mâle d'une famille modeste. Il en fut surnommé "Ired gger tamzin". Il était marié et père d'un enfant quand le soulèvement contre la présence coloniale commença à s'enraciner dans la région qui verra le commandement de la W3 s'installer dans le wallon d'Ath Wabane. Il travaillait à l'usine hydro-électrique d'Akvil. Il a rejoint le groupe de fidais du village. Ils ne tardèrent pas à se faire prendre par des hommes qui se présentèrent au village comme des moudjahidin de passage dans la région. C'était des harkis de villages voisins déguisés en moudjahidin, envoyés en éclaireur par l'armée coloniale. Le futur Rabah El 24 se retrouvera, au compagnie d'autres camarades, au camp d'internement ex-Camp du Maréchal, actuel Tadmait. Il se sauva de ce camp pour rejoindre le maquis.  Il fera partie des groupes de chocs, son surnom était Rabah El-24, auquel certains ajoutaient Edebah. Il a été arrêté au combat les armes à la main. Il fut interné à la prison de Larba Nath Iraten, ex- Fort National. De ce fortin, il s'élança dans le vide, un ravin, laissant camarades de geôle et soldats coloniaux ébahis. Les bidasses n’usèrent même pas de leurs armes tellement ils étaient surs de le reprendre vivant au fond du ravin, avec des membres brisés. Mais la foi de D'Amer, Rabah EL-24 Edebah, en son combat et l'appel de sa montagne étaient si forts qu'il en sorti indemne pour rejoindre ses frères du maquis. Son nom de guerre devint Amer Michli.

Ce n'était que partie remise, il sera repris les armes à la main et interné dans un camp militaire à Tigzirt. Obnubilé par l'air des maquis, la résistance et le combat, D'Amer escalada le talus qui sépare Mizrana de la plage pour rester accrocher à un arbuste durant plus de 24 heures en attendant que l'alerte soit levée et que les militaires coloniaux lancés à sa recherche reviennent au camp. Il s'enfonça dans les maquis de Mizrana.  On ne sait pas le surnom de guerre qui lui fut donné avant d’être encore une fois de plus repris au combat 

A sa dernière arrestation, l'ennemi l'éloigna de ses maquis, de sa montagne, de sa liberté en l'internant au Camp de Paul Cazelles dans la wilaya du Titteri et ce, jusqu'à l'indépendance. Il fut un terrible guérilleros maniant le FM 24 et l'arme blanche.   

D'Amer Ath Yahia, Amer-yahia Amer,  s'en est allé, emportant avec lui ses secrets.

A Dieu nous appartenons, a Dieu nous retournons.

 

Salah A-Y

 



16/07/2012
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