Un pouvoir apologiste...
Tajmayt, une école ?
Mon oncle maternel m'a raconté que dans sa jeunesse, avant que la guerre de libération nationale n'éclate, il travaillait chez un commerçant à Sidi Aissa.
Une personne âgée, native de cette ville, était de bon matin bien montée contre ses coreligionnaires qu'il traitait de tous les noms d'oiseaux de mauvaise augure. Mon oncle, jeune homme qu'il était, s’aventura à calmer son voisin, plus âgé que lui. L'autre se retourna et lui dit:
Pour qui vous vous croyez, vous les Kabyles ? Vous êtes comme tous les autres humains. Neuf mois dans le ventre de vos mères comme tout le monde: juifs, francais, arabes, chinois, italiens... Ayant commercé avec la face nord du Djurdjura ( avant que la guerre de libération n'ait explosé la société Kabyle), j'ai eu à observé et apprécié la vie de la société kabyle. Ils ont Un avantage que d’autres peuples n'ont pas. Une Ecole, non pas celle du Roumi, ni celle de Benbadis. Une Ecole spéciale à Eux. Tajmayt.
En effet j'ai eu à vivre durant des mois dans des villages en commerçant, en faisant le troc, vendre du blé, de l'orge et en acheter de l'huile, des figues sèches...
Il y avait une organisation sociale exemplaire. Si la journée tout un chacun est à ses travaux, des lieux de convivialité s'animaient en fin de journée. Chaque quartier avait sa "Tajmayt". Les hommes se rassemblaient dans des lieux aménagés pour s'y réunir, échangeaient , leurs expériences, leurs travaux comme résoudre les problèmes, les différents ou sanctionnaient les écarts aux mœurs, aux coutumes... Les adolescents y prenaient part, mais de loin et en observateurs. Prendre place au milieu ou, mieux la parole, n'est pas chose aisée et permise au premier parvenu. Il faut savoir parler et ne pas se faire ridiculiser par des remarque sourdines, ironiques, souvent dites avec le sourire par plus sages, plus âgés. Il est inconvenant de relater des faits antisociaux, de parler de crimes, de criminels, de vols ou de voleurs... Aucune apologie d'actes condamnables par la société n'est permise...
Le monsieur finit par dire à mon oncle encore jeune: Vois-tu mon fils, dans un moment, mes voisins vont sortir quand le soleil fera moins chaud pour se mettre sous les arbres d'en face et jouer à la damma pour enorgueillir de Kadour Echater qui a volé l’âne de son voisin...
Salah Amer-yahia
NB : Le pouvoir est à l'image de cette mentalité de hordes venues d'ailleurs dont les dictons en sont révélateurs :
AALA KERCHOU YEKHLI AARCHOU...
YAKOUL ELAQMA MEN FOUM ELKALB...
AHYINI ELYOUM WXAQTELNI GHADWA...
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