Tadart g\'Ighil-bouamas

Tadart g\'Ighil-bouamas

Une plaque commémorative à nos chouhada !

Ecole d'Ighil-Bwammas,  un centre de tortures...

 

De passage récemment devant l'école d'Ighil-bwammas "Taos Benlamara", je fus surpris par la méconnaissance par certains de ce qu'a enduré cette école pendant la révolution. Elle fut, une journée durant l'automne 1957, un centre de torture pour des militants de la révolution.

Le village fut encerclé par les hordes coloniale du capitaine Bondier, du camp militaire d'Ait AlI Ouharzoune, dès le lever du jour. Les portes furent défoncées et les personnes, valides ou pas, sans égard à l'age, étaient tirées de leurs maisons et poussées à coups de crosse à se diriger vers le cimetière "tamsaout bouada". Là, au soleil, le tri s'est fait pour les hommes. Six furent emmenés vers l'école, en bas du village, celle qui portera le nom de la chahida " Taos  Benlamara". D'autres furent gardés à l'écart. Les femmes et les enfants étaient rassemblés vers le centre du cimetière. La journée s'annonça longue sous un soleil de plomb. Le Soleil avait quitté le zénith quand l'ordre a été donné aux villageois de rentrer chez eux.   

Dès le départ des militaires francais, les gens commencèrent à découvrir l'horreur que connut cette vieille école. Elle fut transformée une journée durant  en centre de torture pour six braves du village. Dermèche Mbarek, Messaoud Belaid et Boudjemaa Ait Si Ahmed furent abattus par les militaires de l'armée coloniale à la corvée de bois avant qu'ils ne se retirent tandis que  Amer-yahia Ramdane, Dermeche Salah et Ait Mohand Arab Ramdane furent enchaînés et emmenés au poste militaire d'Ait AlI Ouharzoune. Dermeche Salah et Ait Mohand Arab Ramdane ne tardèrent pas à être relâchés. Amer-yahia Ramdane connut un autre sort, il fut emmené au poste de Tassaft Ouguemoun pour subir les tortures. Il était collecteur de font et agent de liaison. Les militaires francais revinrent au village le lendemain le traînant par une corde, à laquelle il était enchaîné, vers des champs d'oliviers à la recherche d'armes qu'il aurait caché. Avant de repartir, ils emmenèrent sa deuxième épouse, Ait Amrouche Sekoua, pour le contraindre à se mettre à table ...

 

 

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Ce fut la première femme du village à connaitre les geôles de l'armée d'occupation. EIle en sera libérée le lendemain grâce à l'intervention d'un sous-off qui avait fait la campagne de Tunisie avec son mari, Hadj Ramdane, durant le 2ème guerre mondiale. Ce dernier a été présenté au tribunal de Tizi-ouzou, condamné et incarcéré.

La méconnaissance des faits historiques qui se sont produits dans cette école, comme d'ailleurs en d'autres lieux et temps, ne peut incomber aux citoyens quand les personnes en charge de la commune, de la daira, de la wilaya, des organisations ou des associations à l'instar du comité du village ou de l'association culturelle Mbarek Ait Menguelet ne s'en occupent point.

Certes, Il n'est jamais trop tard pour combler de telles lacunes.  Une plaque commémorative, un cours dispensé aux élèves ne seraient qu'un devoir de mémoire envers ceux qui ont payé de leur vie notre liberté en cette école qui porte déjà le nom d'une héroïne Taos Benlamara. Le faire en cette année de campagne nationale de baptisation des lieux, d'institutions à l'occasion du 61ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale permettrait à nos enfants de connaitre la vérité sur une page de l'Histoire nationale, les sacrifices consentis par la population et surtout ceux qui l'ont payé par le sacrifice suprême.  

On est en droit de s'interroger sur le pourquoi du peu d’intérêt accordés à ces événements avec leurs drames qui ont fait l'Histoire d’Algérie au point d'etre  jetés aux oubliettes ou abandonnés aux mémoires défaillantes .

 

Salay



05/11/2015
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